LA ROUTE 66 AU NOUVEAU-MEXIQUE (DE GLENRIO A LUPTON - 780 KM)
Au Nouveau Mexique, la route traverse une région que les Américains qualifient de "in the middle of nowhere" (au milieu de nulle part). Les paysages sont extrêmement vastes, avec d'immenses propriétés. Après Albuquerque, le désert fait place à des montagnes arides. Le Nouveau Mexique fut acheté aux Mexicains en 1912.
Entre Glenrio et San Jon, la route n'est plus qu'une piste de gravillons pendant une trentaine de kilomètres. Voici un des nombreux cas de figure où, si l'on ne dispose pas d'un 4x4, il vaut mieux reprendre l'autoroute. Au Nouveau-Mexique, certaines portions n'ont jamais été goudronnées.
Entrée au Nouveau Mexique |
Fin de tronçon |
Selon la légende, la ville de Tucumcari tient son nom de 2 guerriers Apaches, "Tocom" et "Kari", qui s'affrontèrent pour conquérir la fille du chef Wabtomak. Tous deux périrent dans une bataille qui se déroula sur la montagne Tokomkari qui domine la ville. A l'entrée de la ville, une sculpture a été érigée en l'honneur de la 66. La ville fut fondée en 1902 après l'arrivée du chemin de fer.
Tucumcari est une ville classique de la 66 où les enseignes publicitaires photos sont légion. Déjà le long de la route, de nombreux panneaux annoncent "Tucumcari Tonight - 2000 chambres". Car durant la belle époque de la 66, presque tous les voyageurs qui parcouraient la route passaient la nuit ici. Dans les années 40 à 50, la ville comptait 2000 chambres. Il en reste aujourd'hui environ 1500. La concurrence étant rude, il est ici possible de se loger à des prix intéressants. Parmi les nombreux motels de la ville qui datent de cette époque, l'enseigne lumineuse du Blue Swallow représentant une hirondelle bleue fait partie des plus photographiées, tout comme celles du Cactus Motel ou du Palomino.
Le tronçon Montoya/Newkirk/Cuervo fait partie d'une très ancienne route qui fut commencée en 1918 (la première du Nouveau Mexique). Là encore, ces villes ont été créées au début du siècle avec l'arrivée du chemin de fer. A Cuervo, un mot espagnol signifiant "corbeau" se trouve le plus petit bureau de poste des Etats-Unis, aménagé dans un mobile-home. Cette vieille portion de route se dégrade très fortement après Cuervo, et il vaut mieux reprendre l'autoroute.
Santa Rosa, à l'architecture mexicaine, est un exemple de ville qui vit du tourisme et de la route 66. On peut y voir le Club Cafe (datant de 1935 mais fermé en 1992), le Rio Pecos Ranch Truck Terminal à l'abandon, ou encore le Blue Hole ("le trou bleu"), une piscine naturelle circulaire de 30 mètres de profondeur alimentée par une source à température constante (18 degrés).
A partir de Santa Rosa, où bon nombre de personnes restaient bloquées par la neige autrefois, 2 itinéraires de la route s'offrent à vous et se rejoignent à Albuquerque.
ALBUQUERQUE
Etablie en 1706 sur le Rio Grande, à l'extrémité sud-est des montagnes Rocheuses, Albuquerque est la principale ville de l'Etat (500.000 habitants). L'ancienne route 66, nommée Central Avenue, est une rue rectiligne qui traverse la ville pendant 24 kilomètres ! La vieille ville, construite autour de la plaza et de l'église, est d'architecture espagnole (ce sont les espagnols qui ont été les premiers à s'installer ici et qui ont donné ce nom à la ville). Ce quartier abrite aujourd'hui plusieurs complexes commerciaux et de loisirs réservés aux touristes. Une fois par an, Albuquerque devient la capitale mondiale des montgolfières : l'International Balloon Fiesta réunit début octobre et pour une semaine des centaines de ballons (722 en 2002). A la sortie de la ville, la route grimpe la Nine Miles Hill (colline de 9 miles) du haut de laquelle on a une belle vue sur la vallée et le Rio Grande.
Les portions de route aux environs Mesita et Laguna font partie des plus belles de cet état. Une ancienne section passe entre les collines avec des virages serrés et de fortes déclivités. Il suffit de s'imaginer conduisant ici par temps de pluie avec des centaines d'autres voitures et des camions pour comprendre pourquoi la 66 était surnommée Bloody Highway (la route sanglante).
Les quelques villages pueblos (dont certains sont désertés) rappellent que nous sommes dans des réserves indiennes. Pajare est un village indien construit sur un plateau aride. Il daterait du 11ème siècle, ce qui en ferait le plus vieux d'Amérique du nord. Une douzaine de familles vivent encore ici, dans des conditions précaires. Laguna signifie "lac" en espagnol mais celui-ci a disparu depuis longtemps. En 1952, un camion s'est écrasé dans un ravin à proximité et le trafic sur la 66 fut interrompu pendant 12 heures. Un peu plus loin, à Villa Cubero, Ernest Hemingway a écrit une grande partie de son roman "Le vieil homme et la mer". Le motel est aujourd'hui désaffecté.
Quelques kilomètres avant Grants, la route serpente au milieu de champs de lave. Les engins de construction des années 1930 ne permettaient pas de passer au travers.
En 1950, on découvrit à Grants le plus important gisement d'uranium des Etats-Unis. Pendant 10 ans, 25.000 personnes ont travaillé dans cette mine. Un musée, le Mining Museum, est entièrement consacré à l'extraction de ce minerai. Aujourd'hui, la ville compte plusieurs prisons, dont la première prison privée pour femmes des Etats-Unis. Le long de la rue principale, vous verrez de nombreux motels fermés datant de la grande époque de la 66.
En s'éloignant un peu de la route, à une quarantaine de kilomètres de Grants, vous pourrez visiter les Ice Caves (site Internet en anglais), situées au milieu d'un champ de lave. Dans cette grotte, la température ne dépasse pas 0 degrés et de la glace issue de la fonte des neiges s'est accumulée au bout d'un tunnel de lave qui s'est effondré. Les indiens se servaient autrefois de la glace, dont l'épaisseur atteint les 6 mètres, pour conserver leurs aliments. Il nommaient l'endroit Winter Lake. La teinte verte de cette glace est due à une algue. Tout près de la grotte, il est possible de monter au sommet du Bandera Volcano, vieux de 10.000 ans, un des 29 volcans de cette région. On peut également apercevoir des ruines d'Indiens Anasazi.
Après Thoreau, la route traverse la Continental Divide, une ligne fictive de partage des eaux. A l'est de cette ligne, les eaux s'écoulent vers l'Atlantique, à l'ouest, vers le Pacifique.
GALLUP
Fondée en 1881, Gallup, la "capitale des Indiens d'Amérique", est au coeur des réserves Navajos et Zunis. La ville est restée imprégnée de l'athmosphère de la route. On peut y admirer de très beaux bâtiments des années 1920 à 1940 comme le Grand Hotel et le El Morro Theater (1928).
Des rodéos y ont lieu l'été et on y trouve de nombreux trading posts, ces magasins qui furent des lieux de troc entre les Indiens et les Blancs. En août, l'Inter-Tribal Indian Ceremorial réunit les représentants de toutes les tribus indiens d'Amérique. Le reste du temps, pour attirer les visiteurs, des indiens Zunis organisent des danses en costume traditionnel.
Gallup |
Danses indiennes |
Depuis la fin des années 1920, la ville et ses environs ont servi de décor à de nombreux films des productions hollywoodiennes. L'hôtel El Rancho, magnifiquement restauré, a hébergé à partir de 1936 de nombreuses célébrités telles que Ronald Reagan, Doris Day, Kirk Douglas, Spencer Tracy, Katherine Hepburn, Humphrey Bogart, Rita Hayworth, Errol Flynn, Gregory Peck, ... Leurs photos ornent toujours les murs dans le hall et les chambres portent leurs noms.
Entre Manuelito et Lupton, un peu avant la frontière, on aperçoit le Fort Yellowhorse Trading Post. On y trouve des magasins tenues par des Indiens. Vous pourrez prendre des photos des peintures murales qui ornent la falaise (notez les statues d'animaux dispersées sur les rochers).
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